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Paul McCartney, la saga végétarienne d’un ex-Beatles

Si Paul McCartney ne s’est jamais trop engagé sur les questions politiques et sociales à l’instar de son compère John Lennon, l’ex-Beatles s’est trouvé un autre combat depuis qu’il est devenu végétarien au milieu des années 1970: la défense des animaux.

Membre éminent de PETA, le musicien britannique laisse de temps en temps de côté sa célèbre basse-violon pour rappeler sa lutte pour un régime sans viande.

George Harrison, premier végétarien des Fab Four

Si l’on compare aux autres Beatles, qui ont tous fini végétariens – John Lennon avec quelques écarts, Paul McCartney n’a pas été le premier à embrasser ce régime alimentaire.

C’est George Harrison qui, adepte des philosophies indiennes dès le milieu des années 1960, décide de lâcher la viande avant les autres et deviendra par ailleurs un jardinier émérite.

Mais pour les animaux, c’est Fab Paul qui tient la corde et cela transparaîtra de temps à autre dans sa musique.

En 1968, sur l’album The Beatles («L’album blanc»), il consacre une jolie chanson à sa chienne Martha. Il y célèbre aussi la nature («Mother Nature’s son») et les merles («Blackbird»), mais pour symboliser le combat des noirs pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Retraite à la campagne

Deux ans plus tard, les Beatles se séparent et Paul McCartney va noyer son spleen et sa rancœur en s’isolant avec femme et enfants dans sa ferme écossaise.

Cette vie à la campagne au milieu des animaux lui inspirera la magnifique ode «Heart of the Country», sur l’album Ram (1971). Ce dernier comporte également une drôle de chanson sur un chien à trois pattes («3 Legs»).

La même année, il publie un autre album avec son nouveau groupe, Wings, qu’il nomme Wild Life («Vie sauvage»). La chanson-titre est un appel clair à la défense des animaux, qu’il place comme égaux de l’homme, critiquant l’existence des zoos.

Mais c’est en 1975 et quelques chansons mettant en scène la nature ou des animaux plus tard («Country dreamer», «Mary had a little lamb», «Single pigeon», «Little lamb dragonfly»…) que Paul McCartney et sa femme, Linda, décident de devenir végétariens. Deux versions du déclic existent. La première dit qu’ils regardaient des moutons dans un champ tout en mangeant un plat à base d’agneau.

La seconde, par Paul : «Voilà de nombreuses années, j’étais en train de pêcher et comme je ramenais le pauvre poisson, je me suis soudainement dit: “Je suis en train de le tuer, et tout cela pour le plaisir momentané que cette activité m’apporte”. Un déclic s’est produit en moi. J’ai pris conscience, en le regardant se débattre pour prendre de l’air, que sa vie était aussi importante pour lui que la mienne l’était pour moi.»

«Les gens ne voient pas le fait d’être végétarien uniquement comme un acte de clémence envers les animaux. Mais c’est ce que c’était pour nous à l’époque. Les gens sont aujourd’hui mieux éduqués en ce qui concerne l’alimentation et les avantages à réduire les apports en viande mais aussi en ce qui concerne l’impact environnemental que cela peut avoir sur la planète.»

Linda, une femme influente

Un an plus tard, Linda n’égrène ainsi que des ingrédients d’origine végétale lorsqu’elle chante «Cook of the house» («Cuisinière de la maison»), sur l’album Wings at the speed of sound.

Un morceau qui préfigurera la future carrière parallèle de Linda McCartney, dont le premier talent est la photographie, mais qui prendra néanmoins beaucoup de plaisir à découvrir toutes les subtilités de la cuisine végétarienne, écrivant des livres de recettes et lançant même en 1991 sa propre marque de plats cuisinés végétariens et vegans.

«Quand Linda s’est lancée dans cette aventure culinaire, elle était une pionnière. Cela a entraîné une révolution sur l’offre de l’industrie alimentaire. Au fil des ans, nous avons vu de plus en plus de produits venir s’installer sur le marché, mais au lieu de réfléchir en femme d’affaires compétitive, Linda s’en est réjoui. Plus il y en avait, mieux c’était», décrit Paul McCartney dans une tribune au Huffington Post.

Un engagement artistique pour les animaux

C’est également à cette époque que le couple McCartney franchira une nouvelle étape dans son activisme, devenant plus actif après une décennie 1980 difficile commercialement pour Paul et durant laquelle son amour des animaux sera retranscrit seulement à travers sa participation à la bande originale du dessin animé Rupert, avec notamment la chanson «We all stand together».

En 1993, pour le clip de «Hope of Deliverance», chanson sur la tolérance de l’album Off the ground, Paul McCartney n’oublie pas d’ajouter quelques animaux dans l’introduction. Ce sera d’ailleurs la dernière fois que l’ex-Beatles impliquera vraiment cet engagement dans sa carrière musicale.

En effet, depuis, il n’a plus consacré aucun véritable morceau aux animaux ou même à l’environnement.

Lisa Simpson végétarienne grâce à Paul McCartney

Pour autant, c’est donc en parallèle qu’il se montrera plus actif. En 1995, le célèbre dessin animé The Simpsons accueille en guest le couple McCartney dans l’épisode durant lequel Lisa, la fille aînée, devient végétarienne.

>> A LIRE: Pourquoi Lisa Simpson est-elle végétarienne?

Un événement fondateur non démenti pour le personnage puisque Paul a conditionné sa participation à la série au fait que Lisa conserve à jamais ce régime alimentaire.

La même année, le natif de Liverpool est la voix off du documentaire Devour the Earth, du journaliste vegan Tony Wardle.

La poursuite d’un engagement

En 1998, Linda McCartney décède d’un cancer du sein. Son mari invite ses admirateurs, en tant qu’hommage, à faire des dons pour la recherche et à devenir végétariens. C’est notamment la fille aînée du couple, Mary, qui reprendra la main sur la marque de plats alimentaires de sa mère.

L’autre fille, Stella, la plus célèbre de leurs enfants pour être une créatrice de mode reconnue, est elle vegan et également militante à Peta, bannissant la fourrure et le cuir d’origine animale de ses collections.

Malgré la mort de Linda, Paul poursuit son engagement en délivrant régulièrement des messages pro-végétariens et en participant aux événements de Peta. Il est également apparu à la télévision pour montrer comment faire une purée.

Le «Lundi sans viande»

Son activité la plus récente est la campagne «Meat Free Monday» («Lundi sans viande») lancée depuis 2009 avec ses filles Mary et Stella, encourageant le grand public à réduire sa consommation de viande en faveur de la protection de l’environnement.

«L’idée n’est pas nouvelle, c’est quelque chose qui se pratique dans de nombreux endroits dans le monde, mais nous trouvions que le lundi était un bon jour pour faire cela car on a généralement tendance à trop manger le week-end. C’est comme pour le recyclage: au départ les gens trouvaient cela bizarre, mais aujourd’hui, cela paraîtrait étrange de ne pas le faire», résume l’artiste.

De nombreuses personnalités se sont jointes à l’événement, notamment Yoko Ono, Jeff Beck, Bryan Adams, Moby, Gwyneth Paltrow, Richard Branson ou Alec Baldwin.

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Corentin Chauvel

Co-fondateur de Bom Dia Brésil, magazine spécialisé sur le plus grand État d’Amérique latine.