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Obsolescence programmée: Apple, Samsung et Microsoft épinglés par Greenpeace

Les grandes multinationales des nouvelles technologies pratiquent-elles la fameuse obsolescence programmée? Oui, selon Greenpeace, qui a publié cette semaine les résultats d’une étude menée sur une quarantaine de smartphones, tablettes et ordinateurs portables stars du marché de 17 marques différentes, en partenariat avec iFixit, un site spécialiste de l’analyse de la réparabilité de ces appareils.

Les géants mondiaux que sont Apple, Samsung et Microsoft sont particulièrement visés, accusés donc d’utiliser sciemment des techniques de fabrication réduisant la durée de vie de leurs produits pour en augmenter le taux de remplacement.

Cinq méthodes utilisées

Quelles sont les méthodes utilisées par ces entreprises? Greenpeace en détaille cinq. D’abord, ces produits sont extrêmement compliqués à réparer. «Pourquoi? Parce que certaines pièces sont soudées entre elles ou au boîtier et qu’on ne peut donc en remplacer une sans remplacer les autres», explique l’ONG, citant comme exemples les smartphones de Samsung – les plus mal notées par l’étude – et LG, ou encore les MacBook d’Apple – qui obtiennent les pires notes dans leur catégorie.

Or, ces appareils sont aussi très fragiles et c’est là le deuxième point. Du côté des smartphones, malgré la conception de verre de plus en plus résistant, celui utilisé par les multinationales de la technologie a tendance à se fissurer au moindre choc. Ennuyeux quand on possède le dernier Samsung S8 par exemple, dont l’écran occupe tout le recto de l’appareil, déjà considéré comme le plus fragile au monde.

«Les réparations, quand elles sont possibles, coûtent très cher»

Troisième point noir: les batteries. Quand elles meurent – ou explosent, cf le Galaxy Note 7 de Samsung, elles emportent avec elle l’appareil entier. En effet, 70% des machines testées par Greenpeace possèdent une batterie irremplaçable, car parfois fixée à la structure sans pouvoir être retirée. Sont cités le Galaxy S8 de Samsung et le MacBook Retina d’Apple.

Pour peu que vous trouviez un réparateur, le devis vous fera sans doute penser à acheter un nouvel appareil. «Les réparations, quand elles sont possibles, coûtent très cher et nécessitent souvent des outils spéciaux, notamment pour ôter certaines vis», constate l’ONG dans son quatrième argument, prenant pour exemple l’iPhone d’Apple, le R9m d’Oppo et le P9 d’Huawei.

Trois obsolescences pour les smartphones

Et enfin, cinquième doléance, si l’on veut tenter de réparer soi-même son appareil pour réduire les frais, c’est impossible car les firmes ne donnent accès ni à des manuels ni à des pièces de rechange. Sauf Dell, Fairphone (une marque néerlandaise dont les pièces des produits peuvent être entièrement remplacées et/ou réparées) et HP, note Greenpeace.

Interrogée par Challenges à propos de cette étude, Laëtitia Vasseur, cofondatrice de l’association HOP (Halte à l’obsolescence programmée), soutient ses résultats et ajoute que les smartphones sont les appareils les plus touchés par cette technique, d’autant plus qu’ils subissent, en plus d’une obsolescence matérielle, une obsolescence logicielle (plus de mise à jour après un certain temps) et esthétique (grâce à la magie du marketing).

La réponse d’Apple

Elle indique que le président de la République, Emmanuel Macron, s’est engagé à suivre deux des propositions de HOP: l’affichage de la durée de vie des produits et «permettre aux consommateurs de mieux utiliser les garanties». Mais c’est surtout l’environnement sur lequel Greenpeace porte le plus son attention, car «nos gadgets électroniques sont à l’origine de nombreux impacts environnementaux, de l’extraction des matières premières à la mise au rebut de produits chimiques dangereux, en passant par les processus de fabrication énergivores», demandant ainsi aux entreprises visées des produits «qui durent plus longtemps et qui peuvent être réparés».

Apple lui a répondu dans un communiqué cité par Numérama: «Une conception hautement intégrée nous permet de fabriquer des produits qui sont non seulement beaux, fins et puissants, mais aussi durables, de sorte qu’ils peuvent servir de longues années. Lorsqu’une réparation est nécessaire, les partenaires autorisés garantissent aux clients la qualité, la sécurité et la fiabilité des réparations. Et lorsque les produits arrivent en fin de vie, Apple prend la responsabilité de les recycler de manière sécurisée et responsable. (…) Nous sommes également les pionniers dans la création d’une chaîne d’approvisionnement en boucle fermée où les produits sont fabriqués en utilisant uniquement des ressources renouvelables ou des matériaux recyclés pour réduire la nécessité d’avoir recours à des ressources minières».

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Corentin Chauvel

Co-fondateur de Bom Dia Brésil, magazine spécialisé sur le plus grand État d’Amérique latine.