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Le Parti animaliste espère créer la surprise aux européennes

Deux ans après les législatives, le Parti animaliste a décidé de repartir à la bataille pour défendre les animaux en se présentant aux européennes du 26 mai 2019. Une campagne qui n’aura pas été de tout repos pour ce parti aujourd’hui crédité de 1% à 2% selon les sondages.

Écarté des débats télévisés, l’organisation avait tenté de contester cette décision auprès du tribunal administratif. Sans succès, la juridiction française a jugé l’organisation trop récente et ne bénéficiant pas d’élus nationaux pour avoir sa place à l’antenne. Ce vendredi, c’est une autre préoccupation qui surgissait au sein du parti.

«Certains de nos bulletins n’ont pas été livrés à l’ensemble des communes et ce en violation de l’article R 34 du code électoral. Nous avons saisi la Cour Européenne des Droits de l’Homme afin que des mesures soient prises urgemment» réagissait vendredi la coprésidente Hélène Thouy. En réponse, l’organisation a décidé de proposer sur son site un bulletin à télécharger et imprimer en couleur. Avec un risque assumé: voir ces mêmes bulletins imprimés provoquer un invalidation.


«Nous sommes sans cesse écartés des débats télévisés»

Pas moins de 79 personnes se sont portées volontaires pour défendre les couleurs du Parti animaliste aux européennes. Rencontre avec Laure Gisie, diplômée d’un Master en droit animalier, et candidate en cinquième position.

Qu’est-ce que le Parti animaliste?

Le Parti animaliste est né en 2016. Il tend à imposer la question animale dans le champ politique et prouver qu’il existe un électorat pour lequel cette question constitue une priorité.

Chaque voix donnée au Parti animaliste l’est sans aucune ambiguïté́ afin de faire avancer la question animale. Le message est fort: il faut arrêter de relayer la question de la cause animale au second plan.

Malheureusement, les animaux n’intéressent pas nos élus politiques actuellement car il y a des enjeux économiques: «L’éthique» n’est donc pas toujours prise en compte au sein du parlement européen.

Pourtant, les citoyens français sont de plus en plus informés sur les pratiques cruelles que nous faisons subir aux animaux et ils jugent que cela doit cesser. Il est temps de prendre en compte les animaux dans les institutions françaises et européennes.

En quoi l’Europe peut-elle être un canal pour défendre les animaux?

Les élections européennes représentent un enjeu crucial car la plupart des décisions concernant les animaux sont votées et décidées au niveau de l’Union européenne. 

La PAC est un gros dossier au parlement européen. Cette politique agricole commune peut impacter lourdement l’avenir de nos animaux dits de rente. 

La politique agricole commune coûte près de 60 milliards d’euros par an, soit environ 114 € par citoyen par an pour financer principalement l’agriculture intensive dont l’élevage industriel est le représentant le plus cruel. 

A l’occasion des élections européennes qui se tiendront dimanche 26 mai, les Français, auront l’occasion au travers de leur vote, de se positionner pour un changement de cap radical de l’Union européenne, et pourront ainsi faire entendre leur voix.

Quelles sont vos principales propositions?

Concernant le droit animal, instaurer un commissaire européen à la protection animale, faire de la protection des animaux une compétence partagée de l’Union européenne, créer un statut juridique européen pour les animaux terrestres et aquatiques avec des règles propres à chaque catégorie ou encore mettre fin à la protection des traditions culturelles qui impliquent la cruauté envers les animaux et interdire la détention d’animaux à des fins d’exhibition (zoos, cirques…). 

Nous avons aussi de nombreuses propositions pour réformer l’agriculture et le secteur de la santé, notamment en limitant progressivement l’expérimentation animale avec des objectifs contraignants pour laisser place aux alternatives. 

Vous allez être opposé à une trentaine de listes dans un scrutin à un seul tour. La marche n’est-elle pas trop haute?

Pas moins de 34 listes se présentent pour ces élections. C’est beaucoup, mais cela montre le besoin de changement. Nous sommes un petit parti mais nous avons des militants très engagés qui ont réussi à mener une brillante campagne. 

De plus, nous avons pu financer l’affichage sur l’ensemble du territoire métropolitain et la Réunion mais aussi pu couvrir ce même territoire en bulletins de vote dans tous les bureaux. 

Visez-vous les abstentionnistes?

Les Français sont déçus de la politique actuelle et des formations politiques traditionnelles.
Nous voulons faire passer le message à ces personnes-là, que plutôt que de ne pas aller voter, il faut aller voter pour une cause importante et qui tient à cœur à beaucoup de citoyens: la cause animale.

Comment se déroule la campagne?

Pour nous faire connaître, nous avons organisé des tractages, tenu des stands, organisé des réunions publiques, répondu à de multiples interviews et ce, dans la France entière. 

Nous sommes très nombreux à avoir mis «nos vies» entre parenthèses pour mener cette campagne électorale à fond! On se bat pour ceux qui sont tout en bas de l’échelle: Les animaux non humains. La cause animale est une cause noble et désintéressée.

Des personnalités vous soutiennent-elles?

Nous sommes soutenus par de nombreuses personnalités comme Laura Smet, Dave, Anny Duperey, Arnaud Tsamere, Laurent Baffie, Corinne Touzet, Pascal Légitimus, Claude Lelouch, Stone et Mario d’Alba, Nolwenn Leroy, Pascal Légitimus et beaucoup d’autres. 

Valérie Perrin-Lelouch, Sylvie Rocard et Henri-Jean Servat sont aussi candidats sur notre liste.

En quoi la présence de ces personnalités est importante?

Elles nous offrent la visibilité que les médias ne souhaitent pas nous donner. Nous sommes par exemple sans cesse écartés des débats télévisés malgré des recours devant le tribunal administratif. 

Plusieurs partis présents à ces élections disent défendre eux-aussi la cause animale…

Depuis notre arrivée sur la scène politique en 2016, les autres formations plus traditionnelles commencent à s’emparer de la question et nous nous en réjouissons. 

Pour autant, la question animale n’est toujours pas une priorité en politique et le Parti animaliste souhaite prouver le contraire. Chaque voix donnée au Parti animaliste l’est sans aucune ambiguïté́ afin de faire avancer la question animale et montrer l’importance du Parti animaliste car nous avons notre électorat.

Nous espérons créer la surprise ce 26 mai et obtenir des élus. Cela nous permettrait de travailler avec ceux des autres partis animalistes européens afin de faire avancer avec plus de force la question animale au sein du Parlement européen.

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Cédric Garrofé

Journaliste et fondateur de Vegemag, il s'intéresse à la cause animale depuis près de 15 ans. Il a remporté le Prix Suva des Médias en 2018 et un Online Journalism Awards en 2017 avec la rédaction du média «Le Temps».