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Nicolas Hulot fait un premier bilan de son action à la tête du ministère de la Transition écologique

«Je savais que le rythme d’un ministre était très dense, mais j’étais à des années-lumière de la réalité». Nicolas Hulot l’avoue, il n’a pas choisi la tâche la plus aisée en devenant ministre de la Transition écologique du gouvernement d’Edouard Philippe. Interrogé par Ouest-France, il a livré un premier bilan détaillé sur les différents dossiers en cours dans un entretien publié dimanche.

Le dernier en date concerne la baisse de la part du nucléaire dans la production énergétique française. Il y a quelques jours, Nicolas Hulot avait jeté un pavé dans la mare en annonçant qu’il faudrait fermer 17 réacteurs nucléaires afin d’atteindre l’objectif de 50% d’ici 2025. «Soyons clairs, je n’ai pas dit qu’il fallait fermer 17 réacteurs. J’ai juste rappelé que, pour appliquer la loi (sur la transition énergétique de 2015, ndr), certains scénarios prévoient qu’on en ferme 17, voire plus», a-t-il précisé.

Critique d’EDF, confiant en des voitures non polluantes

«La loi était cohérente (…) Mais rien n’a été fait pour la mettre en œuvre. J’ai bien récupéré une loi mais aussi un manque de stratégie», déplore-t-il, critiquant au passage EDF qui reste, selon lui, sur un modèle énergétique pas assez diversité et invitant à «avoir une foi absolue dans les énergies renouvelables» pour s’affranchir des énergies fossiles «qui sont des plaies pour la santé et des sources de conflits internationaux».

Nicolas Hulot a aussi provoqué des réactions sceptiques après l’intégration dans son plan climat de la fin de la vente de voitures essence et diesel en France d’ici 2040. Là encore, le ministre étaye ses propos: «Vous allez voir que la recherche va s’accélérer, que l’hydrogène peut faire des bonds technologiques, que l’on va trouver des nouveaux matériaux pour les batteries électriques… On est plus facilement génial quand il y a de la prévisibilité et de l’irréversibilité; on est stupide quand on n’a pas d’horizon».

Le choix sur les perturbateurs endocriniens assumé

Sur le dossier Notre-Dame-des-Landes, Nicolas Hulot, qui n’a «jamais été convaincu par l’utilité du projet», réaffirme donc son opposition, mais il laisse les médiateurs rendre leur décision «de façon impartiale» d’ici le mois de décembre.

Les critiques à l’encontre du ministre de la Transition écologique venant cette fois des ONG sont intervenues à propos de la définition européenne des perturbateurs endocriniens, finalement adoptée ce mois-ci par la Commission européenne. «Certains ont dit qu’en votant ce texte, j’avais avalé ma première couleuvre. Non, j’assume ce choix», répond-t-il. «Si ce texte n’était pas voté, on retardait la possibilité de retirer du marché des substances dont la dangerosité est avérée. (…) La France pourra, seule, décider d’interdire des substances qui ne sont pas listées dans le texte européen, si nos propres agences nationales confirment leur dangerosité», ajoute-t-il.

«J’ose espérer que je ne change pas. Je dis les choses de la même manière»

La décision, conjointe avec le ministre de l’Agriculture, d’augmenter à 40 loups (contre 38) le quota annuel d’abattage lui a également été reproché, mais là encore, Nicolas Hulot est allé chercher le compromis. «Quand on vient d’une ONG qui a à cœur de défendre la biodiversité, signer un arrêté qui donne le droit d’abattre deux loups, c’est un crève-cœur. Mais en tant que ministre, je ne peux ignorer la détresse des éleveurs qui, un matin, trouvent quarante brebis égorgées dans leur troupeau. (…) La détresse des éleveurs n’est pas moins recevable que les demandes des protecteurs du loup», explique-t-il.

Pris entre deux feux, le ministre de la Transition écologique est ainsi déjà bien entré dans le bain gouvernemental, mais il l’assure à ceux qui pensent qu’il a changé: «Sur un plan personnel, j’ose espérer que je ne change pas. Je dis les choses de la même manière. Mes convictions restent les mêmes, mais j’ai choisi maintenant d’agir dans un cadre juridique national, européen et mondial».

Corentin Chauvel

Co-fondateur de Bom Dia Brésil, magazine spécialisé sur le plus grand État d’Amérique latine.

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