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Nous avons testé le Beyond Meat Burger

Toujours difficile à trouver en France, le Beyond Meat Burger est en vente depuis quelques mois dans plusieurs pays du monde. Ce steak 100% végétal aurait l’aspect de la viande et même son goût. Qu’en est-il réellement?

Il nous a paru intéressant de confronter l’avis de deux personnes. L’une ne consommant plus de viande depuis une dizaine d’années et une autre qui ne s’en interdit pas, tout en s’efforçant de la limiter.

Avant-propos: nos tests ne sont pas sponsorisés. Nous refusons toute prestation financière, de même que nous ne mettons pas de publicité sur le site.

L’avis de Cédric Garrofé: «Un produit qui cible surtout les flexitariens» 

Disponible depuis plusieurs mois en Suisse, le Beyond Burger est trouvable facilement dans les grandes surfaces pour 7,95 CHF le lot de deux galettes (environ 7 euros).

Une recette complexe

Un rapide coup d’oeil sur la boite donne la composition du produit: eau, isolat de protéine de pois (18%), huile de colza, huile de noix de coco raffinée, arôme, arôme de fumée, stabilisants: cellulose, méthylcellulose, gomme arabique; fécule de pomme de terre, maltodextrine, extrait de levure, sel, huile de tournesol, levure séchée, antioxydants: acide ascorbique, acide acétique; colorant: rouge de betterave; amidon modifié, extrait de pomme, jus de citron concentré.

Une recette complexe proposant quelques arômes surprenants dont un imite même le goût de la viande fumée.

Après quelques minutes de cuisson, le résultat visuel aurait de quoi déconcerter toute personne ayant renoncé à consommer des animaux. De la viande? Non, le produit présent devant nos yeux et  bien 100% végétal. Et qu’en est-il au niveau du goût? Disons le d’emblée, c’est très surprenant. Pour avoir testé de très nombreuses alternatives végétales, je dois dire que le Beyond Meat Burger est probablement le substitut qui m’a semblé le plus proche du goût de viande que j’ai encore dans mes lointains souvenirs. 

Vais-je pour autant craquer chaque semaine pour ce produit? Pour être honnête, je ne le pense pas. Je m’explique.

Un produit plutôt destiné aux flexitariens

A la sortie de ce steak végétal, beaucoup de médias ont jugé que celui-ci allait complètement révolutionner la vie des végétariens et vegans. Selon moi, il s’agit là d’une une grossière erreur d’analyse. Les personnes ne consommant pas de viande ont depuis des années à disposition des quantités d’alternatives moins chères, qualitatives et surtout beaucoup plus saines. Il est même très facile de créer soi-même sa propre galette végétale en utilisant des haricots rouges, des pois chiches ou de la patate douce.

Le Beyond Burger offre surtout une réelle alternative à la viande pour les personnes en transition vers un régime végétarien ou végétalien, ou souhaitant simplement limiter leur consommation de produit d’origine animale. Mais les végétariens ou vegans n’y verront aucune révolution.

Corentin Chauvel: «Un verdict nuancé»

En tant que flexitarien (je ne suis pas parfait), qui tend donc à réduire de plus en plus ma consommation de produits d’origine animale, les substituts de viande m’ont tout de suite intrigué. Comment reproduire la texture voire même le goût d’un steak uniquement avec des ingrédients d’origine végétale? L’une des start-up en pointe sur ce défi, c’est l’américaine Beyond Meat et j’ai eu l’opportunité, à l’occasion d’un séjour récent en Australie, de tester son Beyond Burger.

J’étais plutôt confiant. Beyond Meat bénéficie tout de même des investissements financiers de Bill Gates et Leonardo DiCaprio, et est soutenue par les plus grandes associations de défense des animaux américaines telles que The Humane Society ou PETA. Puis la société présente son substitut de steak comme le premier qui «ressemble, cuit et satisfait comme du bœuf sans gluten, soja ou OGM».

Je me suis donc présenté un midi chez Grill’d, une chaîne de restaurants australienne spécialisée dans les burgers «sains». Elle met particulièrement en avant ses options végétariennes et véganes, à l’image du Beyond Burger, récemment ajouté à son menu, dont la promotion est faite sur les vitrines.

L’objet de toute ma curiosité a fini par arriver. Côté visuel, rien à dire, c’est très bien fait, on a bien l’impression que notre burger est composé d’un steak haché. La première bouchée le confirme. L’intérieur du substitut de viande a lui aussi des aspects bien similaires avec celui de la véritable viande hachée. Moins juteux peut-être si l’on compare à un steak haché de qualité supérieure. Mais si l’on s’en tient à du standard, c’est équivalent.

Venons-en au goût, peut-être ce qu’il y a de plus important au final. Si, au contraire du visuel, Beyond Meat ne cherche pas pour autant à ce que ses produits reproduisent fidèlement le goût de la viande, évidemment bien complexe, on doit reconnaître que lorsqu’il est mangé avec l’ensemble du burger (pain, salade, sauce…), le subterfuge fonctionne aisément. La texture étant relativement identique à celle d’un steak haché, on ne sent pas trop la différence. On ne m’aurait pas dit qu’il s’agissait d’un produit d’origine végétale, je n’aurais pas bronché.

Un goût à revoir

Néanmoins, j’ai également tenté de manger un morceau de la Beyond Meat seul, sans accompagnement, et là, on constate au goût que ce n’est bel et bien pas de la viande. On sent plus nettement l’ensemble de légumes grillés et ce n’est pas franchement très bon, plutôt amer. Qu’y a-t-il d’ailleurs dans sa composition? On y retrouve des pois, de l’huile de colza, de tournesol, de noix de coco, de la pomme de terre, de la levure ou encore du jus de betterave pour la couleur.

Mon verdict sur le Beyond Burger sera donc nuancé. Visuellement et en matière de texture, il n’y a rien à dire, c’est très bien réalisé et on peut dire que Beyond Meat a remporté son pari. Si cela peut aider dans leur transition vers le végétal des personnes qui tiennent absolument à consommer des produits ayant l’apparence de viande – ce qui n’est pas mon cas -, cela devrait fonctionner. En revanche, il y a encore, selon moi, du travail à faire sur le goût même si je dois reconnaître que, lorsqu’il est suffisamment assaisonné ou accompagné de sauce et autres éléments (pain, salade…), le substitut de viande est tout à fait respectable.

Les avis des lecteurs de Vegemag

Magali: «J’ai adoré. Et y ai emmené une amie du coup pour le découvrir. Elle n’a pas vu la différence. N’ayant pas arrêté la viande pour une question de goût, c’est toujours avec grand plaisir que je découvre des plats qui me rappellent ce à quoi j’ai choisi de renoncer.»

Armelle: «Quand on a pris l’habitude de ne plus manger de viande, il n’y a effectivement pas besoin de substitut.»

Vanessa: «C’est super bon! Toute la famille adore.»

Franzzo: «La liste des ingrédients et l’imitation de la saveur viande ne ne font vraiment pas envie.»

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Cédric Garrofé

Journaliste et fondateur de Vegemag, il s'intéresse à la cause animale depuis près de 15 ans. Il a remporté le Prix Suva des Médias en 2018 et un Online Journalism Awards en 2017 avec la rédaction du média «Le Temps».