R

Réparer les objets, plutôt que les jeter, créerait 200.000 emplois en Europe

Alors qu’un récent rapport de Greenpeace a épinglé les principales multinationales oeuvrant dans les nouvelles technologies pour l’obsolescence programmée de leurs produits, l’eurodéputé Europe Ecologie-Les Verts Pascal Durand a remis le mois dernier à la Commission européenne un rapport portant justement sur les avantages d’«une durée de vie plus longue des produits». En vue, la proposition d’une résolution du Parlement européen sur le sujet.

De nombreux obstacles à la réparation des produits

L’eurodéputé français part du constat qu’à l’heure actuelle, la majorité des usagers des nouvelles technologies en sont dépendants, mais qu’ils font face à plusieurs problématiques sur la durabilité de ces biens: manque de robustesse et réparabilité des produits, longévité des logiciels sur les produits informatiques et information disponible pour l’acheteur.

«Les citoyens les moins aisés sont les premières victimes de l’obsolescence accélérée des produits», souligne le rapport, car ils privilégient des appareils à bas coût dont la durée de vie est d’autant moins longue. Ils pourraient être réparés, mais de nombreux facteurs limitent cette possibilité (manque d’informations, complexité, absence de pièces de rechange, coût et service de réparation décourageants…).

Jusqu’à 200.000 emplois locaux pourraient être créés

Or, 77% des citoyens européens préféreraient réparer leurs biens plutôt que d’en acheter de nouveaux. Au lieu de cela, le nombre de réparateurs est en déclin important à travers l’Union européenne (UE).

Pour Pascal Durand, il faut donc agir car non seulement «le secteur de la réparation représente un gisement d’emplois non délocalisables» – jusqu’à 200.000 en Europe, mais il s’agit également d’«un enjeu écologique car l’échange systématique implique la mise au rebus d’équipements encore récents et n’incite pas les constructeurs à concevoir des produits plus robustes».

Le rapport insiste sur le réemploi plutôt que le recyclage, rien que dans le secteur professionnel: «Des études récentes montrent que si les entreprises européennes privilégiaient le réemploi de leurs ordinateurs plutôt que leur recyclage, l’Europe pourrait créer 10 500 emplois non délocalisables tout en économisant chaque année l’émission de près de 6 millions de tonnes de gaz à effet de serre et 44 millions de m3 d’eau, sans compter les matières premières».

Pour une définition européenne de l’obsolescence programmée

Si plusieurs pays de l’UE ont adopté des législations relatives à l’obsolescence programmée, dont la France (loi de 2015 relative à la transition énergétique, définissant l’obsolescence programmée comme un délit), Pascal Durand appelle donc à une harmonisation de ces règles à l’échelle de l’Union.

L’eurodéputé français demande ainsi à la Commission que les Etats membres encouragent la conception de produits robustes, durables et de qualité (en soutenant particulièrement «les fabricants de design modulaire facilement démontable et interchangeable»), promeuvent la réparabilité et la longévité des produits (notamment en étendant la durée de leur garantie et en forçant les fabricants à fournir des informations plus complètes en vue de leur entretien et réparation et des pièces détachées), appliquent un modèle économique tourné vers l’usage (économie collaborative et circulaire) qui soutienne les PME et l’emploi, garantissent une meilleure information du consommateur (plus claires, notamment sur la durée de vie des produits), proposent une définition au niveau européen de l’obsolescence programmée pour les biens physiques et les logiciels, renforcent le droit à la garantie légale de conformité et enfin prémunissent les consommateurs contre l’obsolescence des logiciels.

CategoriesNon classé
Corentin Chauvel

Co-fondateur de Bom Dia Brésil, magazine spécialisé sur le plus grand État d’Amérique latine.