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Monsanto a continué à vendre des PCB en connaissant leurs dangers

Après le Roundup, c’est au tour des polychlorobiphényles (PCB) d’être l’objet de révélations. Comme pour le glyphosate, des milliers de documents internes de Monsanto déclassifiés par la justice américaine montrent que la multinationale a continué pendant huit ans à commercialiser ces composés chimiques tout en connaissant leurs effets toxiques.

Les PCB ont été produits en masse par Monsanto entre 1935 et 1977, utilisés comme agents de refroidissement et lubrificateurs dans des équipements électriques tels que des transformateurs et des condensateurs, avant d’être interdits à travers le monde en 1979 pour leurs effets nocifs sur l’environnement et la santé – pointés du doigt dès 1937.

Le choix de Monsanto: «ne rien faire»

Mais des documents datant de 1969 montrent que la multinationale était déjà consciente à cette époque des risques posés par les PCB – alors non connus du public – et, craignant des répercussions judiciaires possibles, s’interrogeait des actions à entreprendre: «ne rien faire», «arrêter la fabrication de tous les PCB» ou «répondre de manière responsable». C’est la première option qui a été choisie.

«Alors que Monsanto disait au même moment au public que les PCB étaient sans danger, (le groupe) analysait sa responsabilité légale ainsi que, potentiellement, les bénéfices perdus et la bonne image publique qui aurait pu accompagner un comportement responsable et honnête. En fin de compte, Monsanto a privilégié les bénéfices plutôt que la santé publique et la sécurité environnementale», a observé auprès du Guardian Bill Sherman, procureur général adjoint de l’Etat américain de Washington, qui poursuit Monsanto, comme d’autres villes de la côte Ouest, pour les dommages causés par les PCB.

«Ils connaissaient les dangers, mais les cachaient au public pour faire du profit»

«S’ils sont authentiques, ces documents confirment que Monsanto savait que ses PCB étaient nocifs et répandus dans l’environnement, et qu’ils continuaient à les vendre en dépit de ce fait. Ils connaissaient les dangers, mais les cachaient au public pour faire du profit», renchérit-il alors que d’autres documents saisis prouvent encore que la multinationale connaissaient les effets dévastateurs de ses produits sur la faune et la flore.

Interrogée par le quotidien britannique, la multinationale se dédouane de toute responsabilité sur les utilisateurs de PCB: «Il y a plus de 40 ans, Monsanto a arrêté volontairement la production et la vente de PCB avant toute obligation gouvernementale. A l’époque où Monsanto fabriquait des PCB, ils étaient un produit légal et approuvé, utilisé dans de nombreux secteurs utiles. Monsanto n’a aucune responsabilité pour la pollution causée par ceux qui ont utilisé ou rejeté des PCB dans l’environnement».

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Corentin Chauvel

Co-fondateur de Bom Dia Brésil, magazine spécialisé sur le plus grand État d’Amérique latine.

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