A

A Marineland, une certification validant le «bien-être» de ses animaux obtenue par des partenaires de SeaWorld

Le parc marin Marineland situé à Antibes a reçu cette semaine la certification «Humane Certified», décernée par le programme American Humane Conservation de l’association américaine American Humane (anciennement American Humane Association, AHA).

Une distinction qui validerait, selon le programme, les bonnes pratiques de Marineland en matière de «bien-être et du bon traitement des animaux».

Marineland satisfait

Plusieurs médias, dont 20 Minutes et Nice Matin ont repris le communiqué de Marineland, le quotidien des Alpes-Maritimes ajoutant une réaction de Pascal Picot, directeur général du parc: «Marineland est totalement engagé dans l’application des meilleurs standards du bien-être animal».

L’annonce a aussi été immédiatement diffusée par l’entreprise. On peut ainsi lire sur la page Facebook du zoo aquatique: «Ce programme impose, sur le thème du bien-être animal, des critères exhaustifs, rigoureux, basés scientifiquement, et développés par un Comité Scientifique consultatif indépendant.»

American Humane et SeaWorld sont partenaires

Si l’on se penche sur le programme American Humane Conservation, on découvre «American Humane» (ou AHA), une association partenaire de SeaWorld, le zoo aquatique américain. C’est d’ailleurs confirmé directement sur le site de l’entreprise.

Un abattoir certifié «sans cruauté» par American Humane

L’American Humane Association (AHA) est une organisation controversée aux Etats-Unis. En 2013, l’entreprise américaine de l’industrie agroalimentaire Foster Farms avait obtenu la certification «American Humane Certified» d’American Humane pour sa manipulation de volailles.

En juin 2015, Mercy for Animals dévoilait une vidéo montrant des ouvriers du groupe manipulant violemment des poulets et utilisant des méthodes d’abattage inhumaines. Cet abattoir avait pourtant été certifié «sans cruauté» par American Humane.

American Humane lobbyiste

L’organisme a aussi déjà entrepris des actions de lobbying pour servir les intérêts de groupes exploitant des animaux. En 2016 notamment, TripAdvisor annonce ne plus vouloir vendre de billets pour les attractions touristiques animalières, dont SeaWorld.

Une annonce qui a fait bondir American Humane, et a poussé sa présidente Robin R. Ganzert à écrire une longue lettre de protestation au patron du site web de voyage.

On peut ainsi y lire: «J’ai été surprise et énervé de voir que TripAdvisor n’allait plus vendre de billets pour des attractions touristiques animalières. Cette décision est mauvaise et très contreproductive. (…) Par ailleurs, vous collaborez avec PETA, c’est particulièrement alarmant. Cette association radicale végane s’oppose aux attractions avec les animaux, mais aussi à des pratiques qui place l’animal sous la bienfaisance de l’homme. (…) Pourrions-nous en discuter ensemble? Quelqu’un de chez nous va vous appeler la semaine prochaine. Nous souhaitons rester en contact avec vous.»

>> La lettre d’American Humane à TripAdvisor ci-dessous:

 

Dans cette lettre, la présidente accuse également PETA d’avoir tué près de 30.000 animaux. Une information fausse fabriquée de toutes pièces par le CCF, un groupe financé par l’industrie de la viande, comme nous l’avons déjà démontré dans une précédente enquête.

>> L’association PETA tue-t-elle les animaux qu’elle recueille?

«Ce certificat est une arnaque»

Pour l’association américaine de protection animale Mercy For Animals, pas de doute, le programme de certification d’American Humane est une «arnaque».

«Les normes d’American Humane sont beaucoup moins strictes que celles de pratiquement tous les autres programmes de certification sans cruauté. En réalité, elles dépassent à peine les normes minimales établies par l’industrie agricole elle-même. En d’autres termes, ces normes sont essentiellement vides de sens. American Humane doit arrêter de tromper le public» précise Lina Cohen, membre de l’association américaine.

Même son de cloche pour C’est Assez!, engagée dans la défense des cétacés captifs.

«Quelle est la valeur d’un label décerné par une organisation dont le présumé comité scientifique est constitué en majorité de personnes ayant des liens avec l’industrie des parcs zoologiques ou du spectacle? L’un des deux dirigeants du comité est un spécialiste à la retraite de l’entrainement et de la gestion des animaux exotiques du zoo de l’Université de Moorpark, en Californie» a précisé l’association.

«La présidente de American Humane indique que ce programme de certification est indispensable pour les espèces animales menacées que nous souhaitons préserver. Peut-on avancer l’argument de la préservation quand on sait qu’aucun des cétacés détenus ne fait partie des espèces menacées et que trois dauphins (Eclair, Mila-Tami et Alizé) et deux orques (Freya et Valentin) sont décédés à des âges précoces entre 2015 et 2016 au Marineland d’Antibes?» a-t-elle ajouté.

Kwane Stewart et SeaWorld

Dans le comité qui a participé à donner la certification à Marineland, on retrouve notamment Kwane Stewart, responsable vétérinaire au American Humane Conservation, et qui a déjà travaillé dans d’autres groupes auprès de SeaWorld, selon le média KTVE.

Le vétérinaire est aussi à l’origine d’une polémique avec – toujours – l’association PETA, qui avait dénoncé en avril 2017 des cas de maltraitance animale lors du tournage du film «Mes vies de chien».

«Il est navrant que le public ait été abusé par une polémique fabriquée de toutes pièces par l’organisme radical People for the Ethical Treatment of Animals (PETA), dont l’objectif est d’empêcher la présence d’animaux sur les tournages et dans notre quotidien», avait-il déclaré.

Cette réaction intervenait après la diffusion d’une vidéo montrant un berger allemand poussé à l’eau lors du tournage du film.

Marineland a payé pour obtenir son certificat

Marineland a également dû rétribuer American Humane pour recevoir sa certification, comme le précise les conditions du programme: «Nous avons un barème d’honoraires qui prévoit des inspections gratuites pour les petites fermes et des inspections subventionnées pour les grandes fermes, la plus grande partie du coût provenant du budget de fonctionnement de notre programme.»

En 2013, le budget d’American Humane était d’un peu plus de 13 millions de dollars, pour un revenu total de 13,4 millions de dollars.

CategoriesNon classé
Cédric Garrofé

Journaliste et fondateur de Vegemag, il s'intéresse à la cause animale depuis près de 15 ans. Il a remporté le Prix Suva des Médias en 2018 et un Online Journalism Awards en 2017 avec la rédaction du média «Le Temps».

Laisser un commentaire