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A Yulin, le festival de la viande de chien s’apprête à redémarrer

Le 21 juin se tient chaque année à Yulin le festival de la viande de chien. Un événement se déroulant dans le sud de la Chine où plus de dix mille canidés sont abattus pour être mangés. Sur place, plusieurs associations se battent difficilement pour l’interdire. Le point avec Michèle Jung, responsable du groupe français Animals Asia.

Nb: Pour le réserver au plus grand nombre, nous avons fait le choix de ne pas publier d’images pouvant heurter la sensibilité dans cet article. Vous pouvez en retrouver en cliquant ici.

Vegemag: En 2017, la fin du Festival de Yulin a été évoquée. Qu’en est-il exactement?

Michèle Jung: C’était une information erronée probablement dû au fait que les autorités locales ont fait des recommandations aux commerçants, pas d’abattage en public, par exemple. Il y a eu en effet de très importantes pétitions reçues contre le festival, jusqu’à 1’500’000 signatures reçues.

Que peuvent faire les autorités chinoises?

Ce festival est privé et récent: il a été créé en 2009 pour les touristes par les commerçants. Les autorités n’ont donc pas «tout pouvoir» et ne risqueront pas une émeute de commerçants. Nous savons que le gouvernement chinois est sensible à l’image que son pays renvoie et ces images-là sont mauvaises pour le tourisme.

Les chiens sont-ils les seuls animaux consommés?

Il y a aussi des chats, mais les chiens restent les plus concernés. Notre évaluation, la seule qui existe, établit le chiffre de 10’000 en trois jours de chiens abattus mais l’an dernier ce chiffre a été ramené à 1’000 en fonction des restrictions des autorités.

Ces animaux ont été volés ou ramassés dans les rues. Nos équipes sur place n’ont jamais trouvé d’élevage de chats ou de chiens.

«Yulin représente 0,001% de la consommation de viande de chien»

Quelles sont les races de chiens concernées?

Toutes les races sont concernées avec une prévalence cette année pour les Mastiff du Tibet que l’on trouve en énorme quantité. Ils ont été abandonnés car ils ne sont plus à la mode. Ils se sont regroupés dans les collines et sont plus faciles à attraper.

Comment est perçu le festival de Yulin en Chine?

Les Chinois sont de plus en plus et de mieux en mieux informés. Yulin représente 0,001% de la consommation de viande de chien. Il y a un rejet massif de ce phénomène traduit par ces chiffres étonnants: plus de 50 restaurants végétariens se sont ouverts à Shanghai en un an.

Et puis les Chinois commencent à s’organiser pour la protection animale. Nous avons aidé 47 groupes locaux depuis 2015. Ils font des sauvetages spectaculaires aidés de leurs seuls smartphones…

«Beaucoup d’amis des animaux sont blessés ou arrêtés»

Comment s’organisent les associations sur place?

Le travail des groupes locaux est d’arrêter les camions qui transportent les animaux et d’obliger les autorités à vérifier la légalité: identification des animaux obligatoire. En grande majorité, les chauffeurs n’ont pas les papiers des animaux puisqu’ils sont volés.

Les groupes récupèrent ainsi les animaux. Ils ont crée des refuges à l’image des nôtres. Cela se passe souvent mal, les chauffeurs se défendent ou appellent des sbires à leur rescousse. Beaucoup d’amis des animaux sont blessés ou arrêtés… Et puis, il règne une très grande corruption des fonctionnaires.

Est-il vrai que Carrefour proposait jusqu’à l’année dernière de la viande de chien dans ses magasins chinois?

Oui, la direction générale de Paris nous a répondu qu’il s’agissait d’une erreur et que cette vente était très locale. Ils ont retiré la viande incriminée mais nous restons vigilants. La mobilisation par Internet a été très efficace.

Quelle est la meilleure façon d’aider?

Pour nous aider dans nos actions en Asie, les Occidentaux peuvent signer notre pétition, nous faire des dons que nous reverserons à des refuges, écrire courtoisement à l’ambassade de Chine à Paris, et nous faire connaître en France…

Une coalition de 5 ONG s’est créée en 2013 (Asia Canine Protection Alliance) dont nous faisons parties et qui lutte spécifiquement contre ce commerce. Il faut être convaincu d’une chose: nous pouvons gagner par une mobilisation massive de toutes et de tous.

>> Voir un reportage vidéo sur l’événement. Attention, ces images peuvent heurter la sensibilité.

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Cédric Garrofé

Journaliste et fondateur de Vegemag, il s'intéresse à la cause animale depuis près de 15 ans. Il a remporté le Prix Suva des Médias en 2018 et un Online Journalism Awards en 2017 avec la rédaction du média «Le Temps».

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