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Archetype, le groupe qui veut en finir avec le trafic d’animaux

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Alors que le trafic de chiens et de chats prospère sur les trottoirs parisiens, le groupe Archetype multiplie les « opérations commando » pour sauver ces animaux à la santé souvent fragile. Vegemag les a rencontré.

Qu’est-ce que le projet Archétype?

Nous sommes un groupe qui agit pour sauver par nos propres moyens des animaux du trafic, pour lesquels il y a peu de possibilités de retraits légaux. Archétype n’est qu’un pseudo que j’utilise depuis longtemps pour recueillir les signalements d’animaux du trafic via les réseaux sociaux, et chercher de l’aide pour mener à bien les actions.

Mais le groupe en lui même n’est sous aucune égide. J’ai récemment décidé de rendre les actions publiques pour inciter les gens à réagir et que les choses avancent au delà de sauvetages isolés et incessants.

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Pourquoi existez-vous?

A ce jour, les lois qui permettraient de lutter contre le trafic d’animaux dans la rue ne sont que rarement appliquées. Les associations de protection animale sont paralysées et le cadre juridique qui permet de faire intervenir les forces de l’ordre se limite quasiment à l’article R644-3 du Code Pénal qui interdit « de mettre en vente ou d’exposer en vue de la vente des marchandises » sur la voie publique.
Concrètement, les pouvoirs publics ne font rien et la police n’est pas formée en ce qui concerne le statut des animaux, alors on agit avec, ou sans son recours.

Comment agissez-vous?

Nous recueillons des signalements ou observons nous-mêmes des cas. Ensuite, nous passons des heures à observer les trafiquants afin de dresser une liste des animaux qui paraissent avoir le moins de chances de s’en sortir.

Et sur notre mode d’action, je peux simplement vous dire qu’il est non-violent et le plus furtif possible.

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Vos actions sont contraires à la loi, non?

Nous nous basons sur l’article 122-7 du Code Pénal, qui affirme que « n’est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien ».

Nous tâchons aussi de faire intervenir la police dés que la situation le permet. Par contre, dans le cas d’une maltraitance, qui est toujours difficile à démontrer, nous sauvons les animaux par nos propres moyens.

En dépit de l’article cela relève du vol. Nous nous mettons constamment en porte-à-faux. Pour autant, une partie des forces de l’ordre nous accorde de manière non-officielle une certaine légitimité morale.

N’est-ce pas risqué?

Toujours. Nous faisons face à un réseau très organisé. Un sauvetage doit être très rapide pour minimiser notre exposition et les risques de violence, contre nous et les animaux.
Beaucoup de trafiquants sont capables de les tuer plutôt que de les voir leur échapper.

En outre, tout est hiérarchisé. On sait très bien que nous n’avons à faire qu’à la partie exposée. Il y a de nombreux guetteurs, les risques de représailles sont nombreux, c’est pour cela que nous nous protégeons et nous masquons nos visages.

Les passants réagissent-ils?

Oui, et souvent en notre défaveur, car ils ne comprennent pas réellement ce qui se passe. En utilisant des masques, on essaye d’adopter un look de « super-héro », pour qu’ils comprennent que nous ne voulons que le bien des animaux, ça ne fonctionne pas à tous les coups mais ça nous démarque au moins d’agresseurs.

Cela ne risque-t-il pas de mal finir?

A tout moment. Nous prenons un maximum de précautions, mais on a tous conscience des risques. Nous savons aussi que notre démarche ne pourra pas durer éternellement.
C’est pour cela qu’on mise avant tout sur la diffusion d’informations pour faire reculer le trafic. C’est comme ça que ça se terminera. Quand la population ne se laissera plus duper en achetant ces animaux ou en cautionnant malgré eux leur exploitation pour la mendicité.

Vous avez été arrêtés récemment…

Oui, nous avons terminé en garde à vue. On est cinq à passer au tribunal en mai, dont la personne qui nous a induit en erreur sur un signalement. Les policiers qui connaissent le trafic ont été compréhensifs sur la base de notre motivation, sans nous y encourager.

On a même eu droit au surnom de « Robin des bois ». Ce qui est sûr c’est que maintenant, on redoublera de vigilance quant aux infos qu’on nous donne. On n’a pas le droit à l’erreur.

Encouragez-vous les gens à reproduire vos actions?

Non, surtout pas. C’est difficile de se rendre compte des risques que nous prenons sur nos photos d’après sauvetages. Pourtant, ils sont nombreux. Et l’animal peut d’ailleurs être la première victime si nous nous ratons. Des accidents ne serviraient pas la cause. Ce que nous faisons est une mesure d’urgence, pas une solution.

Nous attendons des gens qui suivent nos actions qu’ils soient pragmatiques. Ce sont des militants qui manquent à ce combat plus que des activistes. C’est un des rares combats qui peut être gagné à moyen terme, juste en informant. Alors pourquoi s’en priver?

>> Le trafic d’animaux est devenu le troisième trafic au monde, après le trafic d’armes et le trafic de drogue

>> La page facebook du groupe Archetype

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Cédric Garrofé

Journaliste et fondateur de Vegemag, il s'intéresse à la cause animale depuis près de 15 ans. Il a remporté le Prix Suva des Médias en 2018 et un Online Journalism Awards en 2017 avec la rédaction du média «Le Temps».

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